Through us (comme espaces) passions

Une pièce pour un espace tridimensionnel, rempli de trois interprètes, de morceaux de vinyle 18Oz, de son, de bâches, de mousse, de poulies et de microphones.

A partir de la pensée d’Agnès Varda, proposée dans son film documentaire Les Plages d’Agnès, nous reprenons l’idée d’imaginer et de voir une personne comme un paysage. Dans l’espace scénique que nous créons, nous nous définissons comme des espaces : des macrocosmes de l’instant. Ce concept incluant les humains et les non-humains de toutes les textures.

Through us, correspondent les mouvements conscients invitant les spectateurs, ou les témoins, à faire partie d’un macrocosme. Ce lieu, ce moment que nous sollicitons, sera donc composé d’espaces : un macrocosme contemporain où chaque entité, ou microcosme, sera représentée par des textures. L’espace présenté sera donc une figuration sensible des microcosmes construisant le moment. Dans ce travail, nous sommes conscients du privilège que nous avons : celui de pouvoir partager et habiter cet espace avec les textures et les entités déjà présentes. C’est un acte conscient et politique.

Passion est le dépassement, lorsque, finalement, le moi (en tant qu’entité agissante) se dissout pour faire partie d’un tout, l’espace évolue, suinte et fusionne. Le plaisir est le moteur : il lance les corps dans l’expérimentation. Ici, le toucher est une intersection entre les textures, entre le visible et l’invisible. Les textures se dissolvent pour faire partie d’un tout. L’espace vibre, les corps/textures sont activés.

Voici une liste non exhaustive de quelques macrocosmes ou bulles que nous aimerions créer et développer pendant ces temps de recherche :

Pour ouvrir un espace en trois dimensions, nous utilisons des liens entre le plafond (le gril) et le sol. Ces liens, comme le jeu de ficelles de Donna J Haraway, nous attachent et nous relient. Ils induisent, physiquement, notre relation à l’autre, à l’objet et à l’espace. La corrélation et la cohabitation des microcosmes présents passent par ces liens visibles et invisibles : là où le poids de l’autre induit écoute, adaptation et transformation.

 

Visite filmée en octobre 2021 par Lara Oundjian lors d’une résidence au MainLine Theatre organisée par Danse-Cité.

Avec Nien Tzu Weng, Sebastian Kann et Basile Herrmann Philippe

 

Macrocosme Donut. Fabriqué en mousse et en vinyle 18 oz., le Donut est un espace qui englobe un vide. Il est plein à l’extérieur. Ses bords créent également un lieu extérieur à lui-même : un horizon autour duquel les corps souhaitent être et se déplacer.
En mouvement, le vinyle crisse contre le sol ou contre la peau qu’il rencontre. Ces vibrations sonores témoignent d’un nouveau cosmos en construction, le public peut fermer les yeux et se laisser emporter dans une nouvelle dimension.
Le Donut fait circuler le corps et la voix de l’interprète en son sein. Sa masse prend le dessus et révèle avec parcimonie ce qui reste à voir et à entendre.

Macrocosme B. (interprète Basile comme espace). Dissocié du créateur, il évolue dans l’espace, relie et connecte les différents cosmes. Il active et transforme l’espace par ses mouvements.
Le fait d’être un humain sur scène monopolise l’attention du public d’une autre manière : chaque pause et chaque silence sont gonflés de sens. Quittons ce récit du geste (cf. Against interpretation, S.Sontag) et laissons-nous emporter par l’abstraction des corps-espaces qui se confondent, à la manière des Bribes de corps d’Huguette Caland.
Lentement, le temps se suspend, les respirations s’espacent, le rythme de l’instant diffère de l’extérieur, celui de la ville qui grouille au-delà des murs du lieu.
Stop… Zoom… Son abdomen se gonfle, il crée son propre espace : un lieu de chair, d’air et de liquide. Le corps du performeur est figé, un arrêt sur image qui laisse place à la fiction.
Comment distinguer mes impulsions des tendances ? Y a-t-il une limite entre mes besoins de créer, de rencontrer, de partager et mes désirs ? Comment le moi, perdu dans la solitude, peut-il se faire confiance face à cela ?

 

Macrocosme N.T. ( Nien Tzu interprète comme espace ), comme un macrocosme entrant dans un macro-monde plus grand. Je suis en équilibre entre la densité et l’intensité de mon moi intérieur et les matériaux extérieurs. Je perçois un monde transparent fait de divers matériaux, formes. Celles-ci, rebondissant avec la gravité, comme des vagues, se font écho, négocient des espaces, créent des formes. J’entraîne mes particules intérieures à n’être rien, et je laisse le néant bouger, une transformation constante de l’énergie, transmettant un dialogue à d’autres macrocosmes.
Chaque fois qu’une autre/chacune des entités touche ou entre, je la laisse passer par mes sept sens, et mon corps suit son cours pour se manifester. Ce faisant, moi et le non-chose, voyageant dans le paysage de l’entre-deux de la découverte, devenons identiques, une présence faite de toutes les autres.

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